Au moment où l’association du Festival d’Angoulême doit choisir un nouveau prestataire pour la gestion de l’événement, nous, organisations représentatives des auteur·ices de bande dessinée et organisations alliées, avons convenu de revendications au sujet de son fonctionnement.
Alors qu’officiellement, elle prétend lancer un appel à projets équitable, l’Association du Festival ne respecte pas ses engagements. Madame Groux (Delphine Groux, présidente de l’association du FIBD) a ainsi balayé l’idée de nommer une personnalité qualifiée au sein du quorum qui nommera le nouveau prestataire, alors que cette promesse était souhaitée par tous les partenaires, y compris les financeurs publics. Il est clair que cet appel est biaisé depuis le départ, le choix du nouveau prestataire semble avoir été fait depuis longtemps : 9eART + ! Une société qui n’hésite pas à afficher son mépris à l’égard des auteurs·ices et que de fait, nous ne souhaitons pas voir reconduite pour neuf ans à la tête du Festival.
Fort de son statut incontournable, le Festival d’Angoulême se doit d’être exemplaire. Il se doit d’être une fête populaire, accessible, ouverte à tous·tes et ancrée dans le territoire. Cela implique des tarifs d’entrée abordables, de proposer la gratuité pour les publics en difficulté ou des réductions spécifiques aux habitant·es de la ville. De manière générale, de proposer davantage d’échanges avec le bassin de population locale et le tissu associatif. La gestion des infrastructures du festival ou la question de l’hébergement pendant le Festival sont des sujets importants qui méritent également d’être pris à bras-le-corps par les institutions publiques.
Nous tenons aussi à le rappeler de manière unanime : Sans auteur·ices, pas de livres, pas de festival !
Quel que soit le prestataire choisi au terme de la consultation, nous resterons attentif·ves à ce que nos revendications soient respectées, notamment par un engagement concret et écrit du prestataire qui intégrera ces points cruciaux :
• Le Festival d’Angoulême se doit d’être sûr et inclusif. Les équipes du festival doivent être formées afin de gérer correctement l’accueil des personnes à besoins spécifiques ou des situations de violences sexistes et sexuelles, avec pour priorité de faire de cet événement une « safe place ».
• Le Festival d’Angoulême doit refléter la diversité de la création, en mettant en valeur toutes les tendances artistiques du médium sans privilégier l’aspect commercial, en restant international et ouvert à de nouvelles approches.
• Le festival doit rémunérer de manière juste toutes les interventions des auteurices (dédicaces et autres) et autres intervenant·es, ainsi que les expositions, et subventionner une dotation des prix. En outre, si l’engagement au dispositif de rémunération des auteur·ices en dédicaces a été acté, il est nécessaire que leurs emplois du temps soient aménagés afin de leur faciliter l’accès aux expositions et/ou masterclass, activités qui les concernent au premier chapitre.
• Enfin le Festival d’Angoulême doit également se doter de/d’un lieu·x d’accueil dédié·s aux auteur·ices (sur trois axes : information, formation, détente)
Depuis trop d’années, nos conditions de travailleur·euses en amont de la chaîne du livre sont méprisées parl’industrie et les pouvoirs publics. Grâce à la mobilisation collective de toute la profession, nous serons enfinpris·es au sérieux. Faire collectif est une force, et les artistes-auteur·ices sont des travailleur·euses avec des droits. Le droit d’auteur protège nos œuvres, pas nous. Il est temps de s’inspirer des luttes séculaires de nos camarades des autres milieux professionnels pour obtenir ce qui nous revient de droit.
Répétons-le et d’une seule voix : l’appel au boycott reste d’actualité, et nous invitons celles et ceux qui voudraient mener des actions à nous rejoindre !
Signataires : STAA CNT-SO, METOO BD, SNAP CGT, LA LIGUE DES AUTEURS PRO, FUTURE OFF, Collectif des Créatrices de BD contre le sexisme, SNÉAD, ABDIL